Je vous parlais récemment d’une randonnée dans le Dévoluy que j’ai faite fin août. Un mois plus tard, nous avons décidé de prendre quelques jours de vacances dans ce même massif qui est proche de chez nous. Nous sommes partis avec notre voiture aménagée et avons fait des randonnées à la journée. Notre première étape nous a conduit à Rabou.
L’année dernière on nous avait indiqué des sites de cueillette de sarriette (Satureja montana que nous utilisons dans les Herbes de Provence) à Rabou, un petit village perché non loin de Gap. Le coin nous a beaucoup plu et nous avions décidé d’y revenir faire de la randonnée. Nous avons bivouaqué un peu après le village avec une vue saisissante sur la falaise de Céüze.
Nous décidons de faire le tour et l’ascension du Puy de Rabou en boucle avec un retour par le sentier des Bans dans les gorges du Petit Buëch. C’est une très belle balade qui alterne pâtures, forêts de hêtraies, de pins sylvestres, d’épicéas, de sapins, de genévriers, un belvédère sur le Pic de Bure et un sentier à pic dans les gorges.
En 2018, j’ai commencé une nouvelle activité de cueillette, celle du tilleul. Je ne pensais pas devenir cueilleuse de tilleul avant de venir vivre dans les Baronnies provençales. J’ai eu l’occasion de rencontrer des cueilleurs qui m’ont engagée sur cette voie. C’est une cueillette encore bien présente par ici mais qui se fait quand même moins qu’avant. En tout cas, si tu commences à parler du tilleul avec les gens du coin, ils ont tous des anecdotes à raconter. Le tilleul reste un arbre emblématique de la région et on en trouve partout.
Le travail commence avant la cueillette. Il faut prospecter les arbres, contacter les propriétaires et ensuite surveiller régulièrement la floraison. La plus grande difficulté de cette cueillette est de savoir repérer le bon moment pour venir cueillir les fleurs et de ne pas tarder. Le stade de floraison optimal peut ne durer qu’une journée. Il faut donc être aux aguets et partir derechef en cueillette quand un arbre est « prêt ». Et espérer qu’il ne pleuve pas.
Nous sommes six à cueillir ensemble et c’est une chouette façon d’aborder les beaux jours. Notre première année a été un peu difficile avec un début de mois de juin pluvieux qui a abimé beaucoup de fleurs. Malgré les difficultés de cette cueillette, je suis enthousiaste à la continuer en 2019. Je pourrai vous en proposer à la vente dès cet été.
Le tilleul (Tilia cordata le plus souvent par chez nous) est une plante recherchée en médicinal. Notre client herboriste n’en a jamais assez. La fleur avec les bractées (les « feuilles » qui entourent les bouquets de fleurs) se prend généralement en infusion. Le tilleul est apprécié pour ses propriétés calmantes et diaphorétiques. Il peut aussi se distiller pour obtenir un hydrolat. Christophe Bernard a fait une fiche complète sur le tilleul ainsi qu’une vidéo. Dans d’autres régions, l’aubier est également prélevé sur les arbres. Je ne sais pas trop pourquoi mais ce n’est pas vraiment une cueillette qui se fait par ici.
La cueillette dure toute la journée. Il y a l’équipe qui monte dans l’arbre pour le tailler, récolter directement dans l’arbre et envoyer des branches à émonder à l’équipe du bas. Il faut garder les fleurs à l’ombre car le soleil les abîme très vite. Le soir nous les faisons sécher sur des claies à l’abri de la lumière avec une ventilation à l’air libre. Pour obtenir un bon séchage, nous brassons les fleurs tous les jours. C’est très agréable à faire car en brassant les fleurs, elles diffusent leur parfum et cela embaume dans le séchoir. Une fois bien sèches, elles sont expédiées ou mises en sachet.
Le mois de juillet est marqué par les premières journées chaudes, très chaudes. En juillet, le soleil plombe et il faut commencer tôt les journées pour ne pas se faire écraser. Ce mois d’été est celui qui voit fleurir la lavande sauvage dans les montagnes. Lavandula angustifolia, la lavande fine, la lavande vraie, autant de dénominations pour cette plante qui embaume les pentes des montagnes de la Haute-Provence.
Je cueille la lavande sauvage depuis le début de mon aventure agricole. Les deux premières années, je faisais quelques brassées et j’émondais tout à la main. Cette année, nous sommes allés cueillir avec un ami. En échange de notre coup de main, nous avons pu trier notre récolte avec une formidable machine : la trieuse à alvéoles. Je vous parlerai un jour matos agricole. Ce soir, j’ai envie de vous amener avec moi en montagne pour une journée de cueillette de la lavande sauvage.
Nous cueillons la lavande avec des faucilles. Il y a un geste particulier à apprendre afin de bien les utiliser. Nous avons appris avec Dominique et Jean-François qui cueillent depuis une dizaine d’années des plantes médicinales. Les bouquets ainsi coupés sont déposés dans les bourras, de grands tissus noués autour de notre corps. Ainsi nous pouvons naviguer sur les pentes de la montagne sans avoir à redescendre tout le temps à notre véhicule. Nous y redescendons quand le poids de nos bourras se fait trop lourd, en général ils pèsent entre dix et quinze kilos. Je pense que certains cueilleurs dont notre ami peuvent avoir des bourras beaucoup plus lourds.
La récolte de la lavande est une des activités que je préfère. J’aimerais maintenant aller cueillir pendant plusieurs jours et bivouaquer là-haut dans les montagnes. Je connais aussi des cueilleurs qui partent avec des ânes, cela me tente bien aussi.
Il ne reste plus que les fleurs de la lavande après le tri. Toutes les tiges et feuilles sont mises au compost. Les fleurs de lavande entrent dans la composition de notre ras el hanout et du ketchup à la lavande. Je vends aussi des sachets de fleurs de lavande pour la pâtisserie et les infusions.