La cueillette du tilleul dans les Baronnies provençales

En 2018, j’ai commencé une nouvelle activité de cueillette, celle du tilleul. Je ne pensais pas devenir cueilleuse de tilleul avant de venir vivre dans les Baronnies provençales. J’ai eu l’occasion de rencontrer des cueilleurs qui m’ont engagée sur cette voie. C’est une cueillette encore bien présente par ici mais qui se fait quand même moins qu’avant. En tout cas, si tu commences à parler du tilleul avec les gens du coin, ils ont tous des anecdotes à raconter. Le tilleul reste un arbre emblématique de la région et on en trouve partout.

Je suis en relation avec une chercheuse ethnologue qui travaille sur les liens qu’entretiennent les habitants des Baronnies provençales avec le tilleul. J’espère qu’elle pourra éditer un ouvrage sur sa recherche car ce qu’elle met en avant est passionnant.

Le travail commence avant la cueillette. Il faut prospecter les arbres, contacter les propriétaires et ensuite surveiller régulièrement la floraison. La plus grande difficulté de cette cueillette est de savoir repérer le bon moment pour venir cueillir les fleurs et de ne pas tarder. Le stade de floraison optimal peut ne durer qu’une journée. Il faut donc être aux aguets et partir derechef en cueillette quand un arbre est « prêt ». Et espérer qu’il ne pleuve pas.

Nous sommes six à cueillir ensemble et c’est une chouette façon d’aborder les beaux jours. Notre première année a été un peu difficile avec un début de mois de juin pluvieux qui a abimé beaucoup de fleurs. Malgré les difficultés de cette cueillette, je suis enthousiaste à la continuer en 2019. Je pourrai vous en proposer à la vente dès cet été.

Le tilleul (Tilia cordata le plus souvent par chez nous) est une plante recherchée en médicinal. Notre client herboriste n’en a jamais assez. La fleur avec les bractées (les « feuilles » qui entourent les bouquets de fleurs) se prend généralement en infusion. Le tilleul est apprécié pour ses propriétés calmantes et diaphorétiques. Il peut aussi se distiller pour obtenir un hydrolat. Christophe Bernard a fait une fiche complète sur le tilleul ainsi qu’une vidéo.
Dans d’autres régions, l’aubier est également prélevé sur les arbres. Je ne sais pas trop pourquoi mais ce n’est pas vraiment une cueillette qui se fait par ici.

La cueillette dure toute la journée. Il y a l’équipe qui monte dans l’arbre pour le tailler, récolter directement dans l’arbre et envoyer des branches à émonder à l’équipe du bas. Il faut garder les fleurs à l’ombre car le soleil les abîme très vite. Le soir nous les faisons sécher sur des claies à l’abri de la lumière avec une ventilation à l’air libre. Pour obtenir un bon séchage, nous brassons les fleurs tous les jours. C’est très agréable à faire car en brassant les fleurs, elles diffusent leur parfum et cela embaume dans le séchoir. Une fois bien sèches, elles sont expédiées ou mises en sachet.

Bonne tisane !

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