Ce sont des arbres centenaires. Ils sont une vingtaine à porter des milliers d’olives. Gorgées du soleil de Haute-Provence, les olives sont prêtes à être cueillies. Une troupe d’amis est réunie pour le week-end. L’olivade 2015 peut commencer.
L’oliveraie du Clos de l’Aubrespin appartient à mon beau-frère. Un cadeau venu du siècle dernier. Un vieil ancêtre de sa famille avait acheté ces oliviers dans sa région natale vers Sisteron, dans le petit village des Mées. Depuis trois ans, M. et sa copine L. ont remis en état le champ et s’occupent patiemment des arbres. Cette année, pour la première fois, nous récoltons l’ensemble des arbres. A la pesée au Moulin des Pénitents, M. nous appelle et nous annonce : « Presque 1 tonne, 994kg exactement. » On pare les arbres de larges filets. On se met autour de l’arbre ou dans l’arbre. On peigne les branches. Les olives tombent en pluie. Les rires, les discussions, le soleil, le barbecue, le vin, les olives en pagaille et ces arbres tortueux, un mélange provençal que je viens de découvrir et qui je pense va devenir un rituel automnal.
Le Royaume kham tibétain
{ Concours APAJ Libération 2015 }
Je commençais à avoir des doutes. Depuis quelques jours ma boîte email ne voulait pas m’afficher de courrier de la part de Libération. Je sentais bien que cela ne présageait rien de bien. Je regardais la page Facebook de Libé-Voyage de temps en temps. J’ai vu les annonces des finalistes des deux autres catégories, carnets sonores et dessins. Les finalistes de la catégories photo allaient être annoncés d’ici peu mais rien sur mes emails.
Un soir, j’ai donc décidé de retourner consulter leur page Facebook. Je redoutais de voir ce que je pressentais. Le post que je ne voulais pas lire était là, publié le 14 octobre à 14:46. Évidemment, en cliquant sur l’article je n’ai pas vu mes photos dans la sélection 2015 des finalistes du concours APAJ-Libération.
J’ai été très touchée par cette nouvelle. J’ai vraiment cru au potentiel de ma série que j’avais élaborée sur le thème imposé de cette année « Entre intimité et fraternité ». Ce n’est pas la première fois que je participe au concours annuel de l’APAJ-Libération, c’est la troisième fois (une première fois en photo il y a trois ans, une seconde fois en texte l’année dernière). Je n’ai jamais atteint les finales. Pourtant, cette fois-ci, le résultat m’affecte beaucoup plus que les autres fois.
Il y a deux raisons à cette déception. La première, comme je l’ai dit, est que j’ai mis plein d’espoir de réussite avec ces photos dont je suis fière. J’ai élaboré ma série avec des photos où pour la première fois, j’osais prendre des portraits des personnes que je rencontrais. J’ai fait concourir des photos de mes quelques jours que j’ai partagé avec des nomades kham tibétains du Sichuan en Chine. J’ai développé patiemment mes films pris avec mon Hasselblad 500 C/M chez moi dans ma salle en bain. Je les ai ensuite consciencieusement numérisés. Je suis heureuse d’avoir fait tout ce travail par moi-même (et grâce aux conseils de ma mère).
La seconde raison est probablement moins évidente et me concerne plus intimement. J’espérais avec ce concours, si j’étais sélectionnée parmi les finalistes et encore plus si je le remportais (oui oui j’y ai cru jusque là), redonner à la photo une place prépondérante dans ma vie. Je voulais un signe extérieur qui me dise : « Hey, oui, c’est bien ce que tu fais, allez remets toi à la photo plus sérieusement ».
Depuis que je me suis lancée dans mon projet de ferme d’épices et d’herboristerie, je pratique la photo uniquement avec mon IPhone (je suis d’ailleurs très active sur mon compte Instagram). Quand je suis partie au début du mois dans les Bauges, j’ai pris avec moi mon Hasselblad que je n’avais pas retouché depuis mon voyage en Chine, depuis un an et demi. Quant à mon appareil numérique, un Fujifilm X10, je ne l’ai pas repris en main depuis mon retour du Canada, depuis deux ans et demi. Je ne dis pas qu’on ne peut pas faire de la photo avec son IPhone mais je trouve quand même que ce n’est pas la même chose. La photo est clairement passée au second plan dans ma vie.
La déception passée, je me rends bien compte que ce que je voulais avec ce concours, je dois le trouver en moi. Ce n’est pas une reconnaissance par un concours qui va recentrer la photographie dans ma vie. Cet échec me fait réaliser cela. Il me fait réaliser aussi que si ma déception a été aussi grande, c’est bien que la photo compte toujours autant pour moi.
Je n’ai jamais voulu devenir une photographe professionnelle, c’est-à-dire tirer une partie ou la majorité de mes revenus de cette activité (j’en profite pour féliciter Caroline qui a récemment décidé de se lancer en photographe pro, allez voir son site, c’est beau).
En revanche, je veux prendre le temps de faire de la photo dans mon quotidien. J’ai tellement d’idées qui se bousculent dans ma tête. Il ne passe pas un jour sans que je me dise que cela ou ceci, je le mettrai bien là ou ici, pour faire telle et telle photo, ah oui puis tiens, elle est belle cette lumière, en cadrant comme cela, je pourrais avoir un truc sympa. En ce moment, j’ai très envie de prendre le temps de faire des photos culinaires, des ambiances à la maison, de la forêt alentours. Il ne tient qu’à moi de faire tout cela.
Et maintenant, place à ces fameuses photos (que je dédicace à William qui a tant attendu pour les voir et à qui je souhaite ainsi qu’à Cécile un formidable voyage en Nouvelle-Ecosse au Canada).
Bonne tisane !
La tête encore là-haut
{ Massif des Bauges }
Hier matin, j’ai ouvert ma tente trempée de rosée. Délicatement j’ai écarté le pan de l’alcove et j’ai vu la silhouette du Mont-Blanc, encore sombre dans le petit jour qui arrivait, et déjà majestueuse. Dernier matin de ma semaine de vacances, des vacances à côté de la maison, en randonnée-bivouac, je voulais faire cela depuis longtemps.
Je suis encore là-haut. Je sillonne les alpages baugus. Je serpente sur les sentiers pentus. Je gravis les sommets. Je joue la funambule sur les arêtes.
Le temps automnal s’amuse à déverser des pluies torrentielles, à souffler des bourrasques, à laisser entrevoir le soleil quelques instants, à me couper du monde dans un brouillard épais et finalement il m’offre un soleil radieux qui me réchauffe les derniers jours.
Je raconterai plus en détails ma semaine prochainement. Il faudra être patient car je dois faire développer mes pellicules couleur de mon Hasselblad. Je n’avais que lui pour faire des photos, pas d’Iphone avec moi (pas simplement éteint dans la poche mais vraiment laissé éteint dans la voiture). Je n’ai donc pas publié de photos sur Instagram au fil des jours mais elles viendront bientôt avec le hashtag #AutumnBauges. Les photos de cet article sont prises par mon maraicher avec son numérique.
Bonne tisane !