Le Royaume kham tibétain

{ Concours APAJ Libération 2015 }

Je commençais à avoir des doutes. Depuis quelques jours ma boîte email ne voulait pas m’afficher de courrier de la part de Libération. Je sentais bien que cela ne présageait rien de bien. Je regardais la page Facebook de Libé-Voyage de temps en temps. J’ai vu les annonces des finalistes des deux autres catégories, carnets sonores et dessins. Les finalistes de la catégories photo allaient être annoncés d’ici peu mais rien sur mes emails.
Un soir, j’ai donc décidé de retourner consulter leur page Facebook. Je redoutais de voir ce que je pressentais. Le post que je ne voulais pas lire était là, publié le 14 octobre à 14:46.  Évidemment, en cliquant sur l’article je n’ai pas vu mes photos dans la sélection 2015 des finalistes du concours APAJ-Libération.

J’ai été très touchée par cette nouvelle. J’ai vraiment cru au potentiel de ma série que j’avais élaborée sur le thème imposé de cette année « Entre intimité et fraternité ». Ce n’est pas la première fois que je participe au concours annuel de l’APAJ-Libération, c’est la troisième fois (une première fois en photo il y a trois ans, une seconde fois en texte l’année dernière). Je n’ai jamais atteint les finales. Pourtant, cette fois-ci, le résultat m’affecte beaucoup plus que les autres fois.

Il y a deux raisons à cette déception. La première, comme je l’ai dit, est que j’ai mis plein d’espoir de réussite avec ces photos dont je suis fière. J’ai élaboré ma série avec des photos où pour la première fois, j’osais prendre des portraits des personnes que je rencontrais. J’ai fait concourir des photos de mes quelques jours que j’ai partagé avec des nomades kham tibétains du Sichuan en Chine. J’ai développé patiemment mes films pris avec mon Hasselblad 500 C/M chez moi dans ma salle en bain. Je les ai ensuite consciencieusement numérisés. Je suis heureuse d’avoir fait tout ce travail par moi-même (et grâce aux conseils de ma mère).
La seconde raison est probablement moins évidente et me concerne plus intimement. J’espérais avec ce concours, si j’étais sélectionnée parmi les finalistes et encore plus si je le remportais (oui oui j’y ai cru jusque là), redonner à la photo une place prépondérante dans ma vie. Je voulais un signe extérieur qui me dise : « Hey, oui, c’est bien ce que tu fais, allez remets toi à la photo plus sérieusement ».
Depuis que je me suis lancée dans mon projet de ferme d’épices et d’herboristerie, je pratique la photo uniquement avec mon IPhone (je suis d’ailleurs très active sur mon compte Instagram). Quand je suis partie au début du mois dans les Bauges, j’ai pris avec moi mon Hasselblad que je n’avais pas retouché depuis mon voyage en Chine, depuis un an et demi. Quant à mon appareil numérique, un Fujifilm X10, je ne l’ai pas repris en main depuis mon retour du Canada, depuis deux ans et demi. Je ne dis pas qu’on ne peut pas faire de la photo avec son IPhone mais je trouve quand même que ce n’est pas la même chose. La photo est clairement passée au second plan dans ma vie.

La déception passée, je me rends bien compte que ce que je voulais avec ce concours, je dois le trouver en moi. Ce n’est pas une reconnaissance par un concours qui va recentrer la photographie dans ma vie. Cet échec me fait réaliser cela. Il me fait réaliser aussi que si ma déception a été aussi grande, c’est bien que la photo compte toujours autant pour moi.
Je n’ai jamais voulu devenir une photographe professionnelle, c’est-à-dire tirer une partie ou la majorité de mes revenus de cette activité (j’en profite pour féliciter Caroline qui a récemment décidé de se lancer en photographe pro, allez voir son site, c’est beau).
En revanche, je veux prendre le temps de faire de la photo dans mon quotidien. J’ai tellement d’idées qui se bousculent dans ma tête. Il ne passe pas un jour sans que je me dise que cela ou ceci, je le mettrai bien là ou ici, pour faire telle et telle photo, ah oui puis tiens, elle est belle cette lumière, en cadrant comme cela, je pourrais avoir un truc sympa. En ce moment, j’ai très envie de prendre le temps de faire des photos culinaires, des ambiances à la maison, de la forêt alentours. Il ne tient qu’à moi de faire tout cela.

Et maintenant, place à ces fameuses photos (que je dédicace à William qui a tant attendu pour les voir et à qui je souhaite ainsi qu’à Cécile un formidable voyage en Nouvelle-Ecosse au Canada). concours apaj libération anne aït-touaticoncours apaj libération anne aït-touaticoncours apaj libération anne aït-touati concours apaj libération anne aït-touati concours apaj libération anne aït-touati concours apaj libération anne aït-touati concours apaj libération anne aït-touaticoncours apaj libération anne aït-touaticoncours apaj libération anne aït-touati concours apaj libération anne aït-touati concours apaj libération anne aït-touati 

Bonne tisane !

20 thoughts on “Le Royaume kham tibétain

  1. Garde tes photos et ton Blad !
    L’émotion de la lumière et l’évidence du cadrage t’appartiennent, personne ne pourra jamais te le prendre et merde à Libé 😉

  2. Ça valait le coup d’attendre autant de temps, les photos sont sublimes, avec en plus la satisfaction d’avoir suivi le processus jusqu’au bout, c’est vraiment une très belle série (je ne suis pas fan, et je ne comprends pas tous les choix des gagnants de Libé).
    Tu as la chance d’avoir cet « œil », ne force pas les choses, l’envie et le désir photographique reviendra quand il reviendra, et surtout ne t’arrête pas. Pour toi, pour nous, pour les autres.

    1. Je suis très touchée de savoir que cette série te plait.
      L’envie est là, enfouie dans mes tripes, elle ne demande qu’à ressortir, je suis en train de la laisser doucement revenir. Je sens clairement qu’il me manque quelque chose quand je ne pratique pas la photo, la photo est entrée dans ma vie il y a quelques années et elle compte bien s’accrocher à moi.

  3. Anne, ne sois pas déçue. Il y a des critères bien spécifiques pour ce genre de concours. La validation/non-validation des autres ne remet pas en cause la valeur de tes photos. Peut-être que cela viendra plus tard. J’ai vu il y a peu une interview d’Olivier Föllmi que je te recommande. Il y parle de persévérance. Quand on connaît la qualité de son travail, elle donne de l’espoir. http://t.co/7kLG4Q8zLi
    Bise !

    1. Mathieu, merci pour la vidéo. Je viens de la visionner et les paroles d’Olivier Föllmi trouvent écho dans mon esprit : persévérance, spiritualité, beauté du monde, connexion avec les autres, autant d’idées que je partage sur ce qu’est la photographie. Biz

    1. Je n’ai pas encore réussi à reprendre au quotidien mon appareil mais je pars 10 jours dans le sud de la France pour mon projet de ferme, j’y amène mon Hasselblad, aucune raison de ne pas le déclencher au moins une fois par jour 😀

  4. le portrait du cavalier ainsi que la dernière sont extrêmement fortes je trouve ! C’est toujours difficile de confronter son travail, mais dis toi que la photo tu la fais d’abord pour toi, et si tu arrives à être fière du résultat c’est déjà super ! Moi en général les photos que j’ai prise dont je suis le plus fière ne trouvent pas vraiment public aha
    En tous cas contente que tu remettes la photo dans ta vie, j’ai hate de voir ce que cela va donner car pour moi tu as obviously du talent !

    1. Je suis aussi contente de voir que mes photos trouvent public, trouvent public touchés en plus, merci.
      Je vais bientôt publier mes photos de mon séjour dans les montagnes, j’espère que tu y trouveras beauté et émotion.

  5. Oh cette série est vraiment belle ! Et le portrait de l’homme et son cheval m’a interpellée et touchée en plein cœur… Waoow, ce regard, le cadrage… ♡♡♡ Je suis allée voir les finalistes et je comprends ta déception, tu avais ta place là-bas 🙁 Mais tu as raison, c’est au fond de toi que tu trouveras ce que tu cherches et je suis certaine que tu y arriveras, sans concours, sans Libé, juste en y mettant tout ton coeur, car c’est BEAU ! Bravo !!

    1. Oui Tchong a été généreux de me donner cet photo de lui et de son cheval, cette photo est pour moi la plus accomplie que je n’ai jamais prise.
      J’espère pouvoir te toucher autant avec mes futures photos que je publierai bientôt 😀

  6. Je découvre ton blog et tes photos avec ce post: la grosse claque! Lorsque j’étais dans le Sichuan il y a deux ans, je regrettais de ne pas avoir le temps de pousser jusqu’au Tibet Sichuanais depuis Chengdu. Regrets confirmés en voyant tes clichés… Tu développes tes films toi-même? Le rendu est vraiment très, très beau!

    1. Oh Hugo ! Quel plaisir de te parler ici avec mon clavier 😀
      Clairement le Tibet sichuannais a été un moment fort de voyage en Chine, c’était un rêve aussi pour moi de marcher sur ces hauts plateaux d’altitudes face à des montagnes de plus de 7000m.
      Je développe uniquement les films noir&blanc, je ne suis pas équipée pour la couleur. C’est un travail délicat et que je suis sûre je ne fais pas au plus précis mais pour cette fois, je suis ravie du rendu.
      J’espère te relire par ici à une prochaine occasion. Bises

  7. Tes photos sont si belles, fortes et nobles. Ne doute jamais de ta légitimité à évoluer dans le monde de la photographie, ne perds pas cette passion qui t’anime parce que tu fais ça magnifiquement bien. Cette série-là semble hors du temps, et le fait qu’elles n’aient pas accédé à une finale orchestrée par quelques jugements subjectifs n’enlève rien à leur prestance. Alors continue, toujours, tu fais ça si bien.

    1. Tes mots comptent beaucoup pour moi Caroline, merci.
      Tellement délicat en ce moment de trouver sa légitimité en photographie, les images sont partout, tout le temps, l’idée même d’être photographe est en chamboulement et se réinvente sans cesse, l’art de la photographie est jeune, à nous d’y apporter notre regard, notre manière de la vivre.

    1. Merci ! Je suis heureuse de faire connaître cette région tibétaine peu connue, comme ce n’est pas dans la Région Autonome du Tibet, on en parle moins.
      Ravie de t’avoir pu faire voyager avec moi, c’est aussi pour ça je pense que j’aime la photo, je peux emmener les spectateurs dans d’autres univers 😀

  8. Je me suis souvent demandée où étaient passés tes beaux clichés, la douceur que tu transmets à travers ton regard et ton envie de percer un peu plus dans la photographie.
    Je ne te connais que très peu, mais j’imagine qu’une blessure, une changement de vie peut remettre en question une passion. Je comprends ta déception, mais comme tu peux le voir ton public est déjà là 🙂 Prend ton temps, un pas après l’autre… l’envie reviendra sans que tu n’aies plus à te poser de question. Une fan.

    1. Effectivement mes photos étaient restées bien rangées depuis un an…Avec mon projet de ferme, je ne prenais plus le temps d’en faire et puis j’ai eu besoin de savoir ce que la photographie représentée pour moi (simple hobby en voyage ou réelle composante de ma vie). Ce concours m’a offert la possibilité de voir que la photo est importante dans ma vie et que sa pratique me manquait terriblement…
      Je suis bien occupée avec mon activité agricole qui démarre bientôt mais je réfléchi à un projet photo conséquent pour 2016 ou 2017 😉

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