Cheminer jusqu’à la première graine plantée #2

Cet article est le deuxième épisode de la saga « Cheminer jusqu’à la première graine plantée ». Lire le premier épisode : « Trouver des terres« .

Cheminer jusqu’à la première graine plantée #2
Eau et électricité

Les deux parcelles que je loue sont nues. Elles n’ont pas de bâtiment et encore moins d’habitation (mon maraicher et moi vivons dans une maison du village médiéval). Il nous faut pourtant organiser l’acheminement de l’eau et envisager d’installer l’électricité.
Seule Village a de l’eau et aucune des deux n’a l’électricité. L’étape que je vais vous raconter déroule tout autant les démarches que j’ai effectuées pour installer l’irrigation et l’électricité que les différentes réflexions que j’ai pu avoir sur ces deux points.

coucher de soleil sur vanige baronnies

Arroser et faire germer

Village est à l’arrosage comme on dit dans le jargon, c’est à dire qu’il y a déjà l’eau accessible, un jardinier pourrait se contenter de l’eau qui arrive directement sur le terrain par le tuyau.
Pour nos besoins professionnels, nous aurions besoin d’une pompe. Cela nous permet de mettre en place une irrigation au goutte à goutte sur nos planches de culture. Problème majeur à cette idée, il n’y a pas d’électricité sur la parcelle (dont nous avons aussi besoin pour la nappe chauffante, un élément central pour nous car c’est grâce à cette nappe dotée de résistances électriques que je peux faire germer à chaud des tomates, j’en reparlerai plus tard parce qu’en réalité tout se passe sur mon balcon au final). Notre réflexion sur l’électricité s’est donc construite autour de ces deux éléments : la pompe d’irrigation et la nappe chauffante.

Je contacte donc ERDF en novembre pour la pose d’un compteur provisoire d’un an (environ 250€ et deux mois d’attente). Cela nous convient bien mais nous ne lançons pas la procédure car nous ne savons toujours pas si nous pourrons avoir l’autorisation d’installer la serre sur cette parcelle (je vais en reparler très vite). Nous voulons être sûrs de payer pour nos deux conditions : la pompe et la nappe chauffante qui sera dans la serre.
Début janvier, la demande pour la serre évolue (disons que nous avons validé la première étape ce qui nous donne bon espoir pour la suite). Nous repensons donc à l’électricité. Nous envisageons l’idée de faire un raccordement définitif (oui car depuis le mois de novembre nous avons signé un bail de neuf ans alors autant mettre l’électricité complètement plutôt qu’un branchement provisoire).
J’appelle ERDF pour avoir des informations sur les tarifs : « faites votre demande en ligne puis un technicien vous contactera pour prendre rendez-vous pour venir faire une visite sur place pour vous faire un devis ».
Je fais donc ma demande en ligne. Mon navigateur m’annonce : « un conseiller prendra contact avec vous dans dix jours ».
Quinze jours plus tard (patiente la fille, mais non ils ont dit dix jours, ils vont m’appeler là c’est sûr, ah ben non ils appellent pas bon ok je les appelle), je dois appeler deux fois ERDF deux jours d’affilée avant d’avoir deux personnes dans la même journée qui m’annoncent qu’un technicien va me contacter dans une semaine pour me donner un rendez-vous (qui sera donc plus tard) : « ah bon, mais il ne peut pas m’appeler maintenant le technicien pour fixer un rendez-vous pour la semaine prochaine ? Oui mais vous comprenez il est en déplacement. Ah mais il peut pas prendre 2min pour m’appeler pendant son déplacement ? D’accord, je vais lui dire de vous appeler au plus vite ».
Le lendemain (un vendredi), j’ai donc le technicien qui m’appelle et me donne un rendez-vous pour le mardi (quasi pile poil un mois que j’ai fait la demande en ligne). Génial, d’ici peu on saura combien va nous coûter le raccordement. Le mardi arrive, le technicien aussi. Il mesure, il parle, on lui répond, il parle, il re-mesure puis mon maraicher lui demande s’il a une idée du tarif maintenant qu’il a vu il peut nous dire : « ah mais c’est un forfait monsieur. Peut importe ce que nous ayons à faire. C’est 1300€ et il faut compter trois mois avant le début des travaux. Et puis il vous faut un électricien qui valide votre installation, il faut le compter en plus dans votre budget ». D’accord, nous avons besoin de l’électricité dans deux semaines. « Faites quand même la demande cette année, vous aurez l’électricité pour l’année prochaine ».

Branle bas de combat, nous remettons tout à plat. Même plus la peine de penser au raccordement provisoire, les délais sont trop longs. On calcule pour des panneaux photovoltaïques, hors budget pour notre puissance et problème de stockage de l’énergie (on a surtout besoin de l’électricité la nuit pour garder au chaud les semis quand il n’y a plus de soleil donc).
On revient donc sur une idée évoquée début janvier, celui de faire une serre sur notre balcon en branchant la nappe chauffante depuis le salon. Idée qui a émergé, le 4 janvier, le jour où on nous a annoncé que rien n’était gagné pour l’autorisation d’installation de la serre. Il nous fallait donc penser à d’autres alternatives pour au moins commencer dans les temps. Comme nous avons finalement opté pour cette solution (la photo ci-dessous, c’est cette fameuse serre-balcon), il ne nous semblait plus vraiment intéressant de se tracasser pour l’électricité uniquement pour la pompe. Si nous avons vraiment besoin d’en utiliser une, nous pourrons prendre la pompe thermique de Pigerolles.

construire serre pour les plants avec aquanappe

Amener l’électricité sur Village est une option totalement abandonnée dorénavant. Cette parcelle restera sans électricité car le prix est trop élevé pour nous par rapport à l’usage que nous avons de l’électricité (deux à trois mois par an).

Village reste donc dans son état, c’est-à-dire avec de l’eau mais sans électricité. Il y aura uniquement des cultures de printemps et les pépinières (poireaux, oignons, betteraves) qui s’arroseront avec la pluie printanière et au tuyau ainsi que des vivaces de climat sec. La serre (s’il y a la serre ici, élément inconnu à ce jour), nous arroserons les plants au tuyau.

A Pigerolles, il n’y a ni eau ni électricité. L’eau a été un sacré nœud de réflexion dénoué il y a peu. Nous avons commencé notre réflexion seulement tous les deux puis en parlant avec Jean-François Rousseau (Président de l’association Terrro qui non seulement œuvre pour installer des jeunes en agriculture mais aussi les accompagne, ce qu’ils font avec nous justement et c’est tellement précieux), il nous a conseillé d’aller voir à Laragne, l’entreprise Chastel-Mayzenc avec laquelle il a travaillé pour son irrigation.  Nous nous sommes pointés au magasin et avons passé deux heures avec le patron. Juste génial, il nous a enlevé une épine du pied en nous présentant des solutions simples et économiques. Car avant de le rencontrer, nous pensions installer une cuve souple et prendre l’eau depuis le torrent qui longe notre terrain. J’avais déjà contacté le service des eaux de la DDT pour obtenir une autorisation de captage. Ils étaient venus voir et nous avaient donné au final une autorisation moindre que nos espérances pour la captage. Mon maraicher avait fait un devis, on s’en sortait pour vraiment cher avec encore un vrai problème de quantité d’eau en été.
Suite à ce rendez-vous à Laragne, nous avons pu demander à Jean-François et au conseiller municipal en charge des travaux une autre alternative de captage plus en amont du torrent grâce à tous les conseils de Chastel-Mayzenc. Ils nous ont proposé de venir prendre l’eau avant le plan d’eau communal à 300m de notre parcelle (je vous mets un plan pour un peu mieux visualiser l’affaire).

vue aérienne plan d'eau rosans ferme acagnarda bio
Cette solution a le mérite de nous avoir de l’eau tout au long de l’année car elle est captée sur le réseau communautaire de l’eau et non pas dans le torrent. Elle est aussi économique car nous n’avons pas besoin de stocker l’eau. Nous aurons un tuyau d’acheminement, une pompe thermique et les tuyaux d’irrigation avec des asperseurs de gazon sur des tiges de 80cm de haut et des goutte-à-goutte. Nous voilà avec tous les éléments nécessaires pour un devis à Laragne. Nous validerons le devis prochainement. La mise en place du système est prévu courant avril.
Quant à l’électricité, elle devient superflue ici avec la mise en place de la nappe chauffante sur notre balcon et puisqu’une pompe thermique fait très bien l’affaire avec notre système d’irrigation.

Pigerolles obtient donc l’eau mais reste sans électricité.

Durée approximative de l’étape « Eau et électricité » :  toujours en cours
3 mois jusqu’à maintenant

Et pour l’année prochaine et les suivantes ?

Il existe une technique pour faire ses plants qui s’affranchit de l’électricité. Nous avons envie de la tester l’année prochaine sur une partie de notre production. Si cela fonctionne bien, on pourra un jour produire nos plants uniquement de cette façon.
La technique en question est celle des couches chaudes. Le principe consiste à disposer des andains de fumier (de préférence équin) dont la température s’élève rapidement sur lesquels est disposée une fine couche de terreau où les graines sont semées. Cette technique nous permettrait de nous affranchir de l’électricité nécessaire à la nappe chauffante, de baisser notre utilisation de terreau (constitué principalement de tourbe, à lire la plaquette de Pôle Tourbière sur les enjeux environnementaux de l’exploitation des tourbières) et de diminuer de façon drastique le plastique (que nous consommons beaucoup avec nos plaques alvéolées et les godets). Je vous laisse voir avec Hubert le jardinier pour en savoir plus : « Fabriquer une couche chaude« . Si vous avez entendu parlé de Pascal Poot, il travaille avec cette méthode. Il y a des photos sur l’article de Rue89 : « Tomates sans eau ni pesticides« .

La suite demain…

Bonne tisane !

 

4 thoughts on “Cheminer jusqu’à la première graine plantée #2

  1. Je me sens de plus en plus concernée par les problèmes de l’environnement, j’ai un appel à la nature qui n’arrête pas de me tarauder, je suis ton installation avec beaucoup d’intérêt, je crois très fort en ton projet. Vivement la suite, et poussent poussent petits plans…………………

    1. Merci Agnès 🙂
      Je rencontre de plus en plus de monde autour de moi qui sentent un appel irrésistible vers la nature, c’est merveilleux je trouve qu’on puisse se connecter avec cela.
      Les plants vont très bien, j’ai commencé à les vendre, j’ai d’excellents retours 😉

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