3 mois en Oisans | Saison agricole à 1700m d’altitude

Les arbres ont changé de couleur. Le givre couvre le sol au petit matin. J’ai remis mon bonnet. L’été est bien fini tout comme mon travail saisonnier. J’ai passé trois mois à Villard-Reymond, un petit village perché sur les hauteurs de Bourg d’Oisans en Isère. J’en avais un peu parlé ici mais c’est surtout sur mon compte Instagram que j’ai partagé mon quotidien en photo. Je vais tenter dans ces quelques lignes de vous raconter plus en détails cette vie particulière que j’ai eu en montagne à 1700m d’altitude.

villard-reymond col du solude en Oisans

Une saison aux Jardins d’En Haut

Je restais toute la semaine à Villard-Reymond. J’ai vécu dans le chalet de la maman de ma patronne. Elle a créé il y a dix ans sa ferme, les Jardins d’En Haut.
Nous partagions les repas, parfois seulement toutes les trois, parfois avec les woofers ou les invités de passage. Le week-end, je rentrais à Chapareillan, chez moi ou j’allais en montagne (Taillefer, Dent de Crolles, Plateau d’Emparis, Sept Laux).

Juillet 

villard reymond lever de soleil 1 villard reymond lever de soleil 2 villard reymond lever de soleil 3

On prépare les approvisionnements de l’été pour les magasins et on installe le stand pour l’exposition artisanale estivale de Valbonnais. Les récoltes des framboises commencent le 10. La canicule s’installe durablement. Il faut se lever tôt pour être à 6h30 aux champs. A l’instant précis où les premiers rayons du soleil passent la montagne, les cueilleurs lèvent la tête, ferment les yeux et inspirent profondément. Je n’ai jamais autant apprécié la douceur du soleil qu’à ces moments là. La salutation au soleil en yoga a pris pour moi tout son sens. Oui tous les matins, nous devons beaucoup à cet astre.

Le mois de juillet se déroule entre les journées de récolte et les journées à faire les confitures. Il faut aussi penser à désherber les petits plants de génépi plantés au début de l’été.

champs et potagers au rivier d'ornon
Tous les jeudis après-midi j’accompagne des visiteurs faire un tour de la ferme. Je les amène dans les champs. Je parle de ce métier si particulier de productrice de petits fruits en altitude, je leur montre les plantes du jardin (marjolaine, tanaisie, hysope, sarriette) et les plantes sauvages alentours (épilobe, églantier, aubépine, lys martagon, pavot des Alpes). Pendant ces visites, j’ai vraiment réalisé que j’avais accumulé une masse déjà impressionnante de connaissances en botanique et en usage des plantes.le grand renaud vu depuis le village de villard reymond

Août

Le village est en effervescence. Quasiment toutes les maisons secondaires sont occupées. Que cela fait plaisir à voir ! Il y a des enfants qui courent dans les ruelles, on entends les amateurs de jardin s’activer.villard-reymond groseilles Jardins d'en haut

Les récoltes de framboises se font plus légères. Les groseilles et les cassis sont timides cette année. Nous tentons de leur demander gentiment de nous donner plus que quelques seaux mais rien n’y fait. Après quelques tentatives, nous nous avouons vaincus. Il n’y aura presque pas de cassis et de groseille cette année. Les myrtilles aussi ne sont pas généreuses, on réussit seulement à cueillir un bol qui fera notre dessert du soir. La journée de cueillette est plutôt une sortie touristique pour moi. Je découvre le Col du Glandon et le lac de Grand’Maison.
Le 15 est là. Pendant trois jours, les odeurs du four à pain enveloppent le village. Les fournées de brioches, de pains et de meringues s’enchainent. Le four banal redevient le temps de ce week-end, un lieu convivial et de retrouvailles.villard-reymond fête du pain 2015

Septembre

La rentrée a rendu désert le village. Seule une équipe d’ouvriers partage avec nous la quiétude retrouvée. Mes semaines sont allégées. J’ai même le temps de partir quatre jours à Paris.villard-reymond et le grand renaud, Oisans
Le travail se fait surtout dans les champs. Il faut préparer les cultures à l’hiver. Les framboisiers ont droit à une taille et on les attache pour qu’ils ne ploient pas sous le poids de la neige. Les groseilliers sont désherbés aux petits soins. Une dernière récolte arrive, celle des mûres. Nous en aurons un peu pour faire des confitures.
Le temps de Noël approche. Il faut être prêtes. On cuisine les confitures qu’il nous manque : cassis et groseille. On mets en pot l’ail des ours qui macère depuis ce printemps dans l’huile d’olive.
Quand je lève la tête vers les montagnes qui nous entourent, l’orange, le jaune et le rouge dominent sur les pentes et la forêt. L’automne est là. Je finis ce soir. Je clos une jolie étape dans ma vie.

coucher de soleil sur le massif du taillefer

Trois mois où j’ai pu éprouver mon envie de devenir agricultrice. J’avais besoin de tester mes capacités physiques. J’en parle peu ici mais le physique de cette activité me faisait un peu peur. Les longues journées en plein air, les charges lourdes, autant d’éléments à ne pas prendre à la légère.
J’ai réussi à surmonter tout cela mais il faudra à l’avenir que je me discipline à prendre soin de mon corps. Yoga, tai-chi, méditation doivent devenir des réflexes dans mon quotidien si je veux pouvoir continuer ce beau métier plusieurs dizaines d’années.

champs des jardins d'en haut au col du solude

La suite de l’automne

Je suis toujours en train  de travailler pour mon projet agricole. J’ai pas mal de rendez-vous à venir pour l’opportunité des terres à Rosans dans les Hautes-Alpes. D’ici peu, j’espère pouvoir vous dire où je serai cet hiver soit toujours à Chapareillan soit à Rosans.
Je continue aussi à me former sur divers thèmes agricoles : les semences, les plantes sauvages, l’arboriculture, le travail à plusieurs. Je ferai ma rentrée à l’Ecole des Plantes de Lyon fin octobre.
Ma cuisine est un véritable laboratoire expérimental. Après les menthes et des essais de pestos (menthe, marjolaine, estragon), je confectionne des gelées de coings. Je prévois de cuisiner des gelées de pommes au safran et de la confiture de châtaignes. J’ai encore dans le jardin des fruits qui m’attendent : une courge que je teste pour récupérer les graines à manger, les piments que je ferai sécher.
En décembre, je tiendrai de temps en temps le stand des Jardins d’En Haut au marché de Noël équitable, bio et local de Grenoble. Venez m’y faire un petit bonjour !

Et maintenant, place aux vacances ! Je pars toute la semaine prochaine dans les Bauges en randonnée-bivouac. Vous pourrez me suivre sur Instagram avec #AutumnBauges

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